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Comme un chant du Haut Atlas

Ou les chevrettes sont à la fois terrestres et marines

 

00000112b.jpgUn même rituel, monotone à mourir, se répète depuis ces derniers jours de mauvais temps: premier regard du matin sur une mer moutonneuse, petit-déjeuner au boui-boui du village de pêcheurs, discussion éternelle avec eux, farniente sur une plage abritée et longue soirée près de la tente avec anorak, bonnet de laine et verres de thé, les visages noyés dans les ténèbres, rougis de quelques lueurs de lampe à pétrole…

"Chers amis, ne m’en demandez pas plus, écoutez mes histoires. Si le vent nous est favorable, je vous réserve une rencontre inoubliable et pleine de surprises…"

J’avais mille histoires à raconter et particulièrement sur les mérous de Méditerranée, mais ce qui fascinait le plus mes copains, c’était d’apprendre que vivaient dans les parages, dans des sources, des loups d’eau douce! Devant leur étonnement et leur insistance, je leur promettais alors de les y amener dès que la mer le permettrait, sous réserve qu’ils gardent cet extraordinaire secret. Après une nuit particulièrement agitée, avec force vent, nous faisant sérieusement envisager de plier bagages et de remonter sur la côte méditerranéenne au matin 800 km plus au Nord, c’est avec plaisir que nous avons pu admirer, à l’aube, une mer d’huile et claire à souhait.

Branle-bas de combat dans une confusion extrême. Le semi-rigide gonflé à bloc, les yeux hagards d’une semaine de privation de pêche, nous prenons immédiatement la mer pour nous rendre sur les fameuses sources.

J’organise avec fermeté la plongée, instaurant une règle provisoire pour ce premier contact avec les loups : tout plongeur équipé doit attendre les autres agrippé au boudin, afin que nous fassions tous un canard simultané dans ces résurgences.

Première apnée et premier retour en surface : chacun exhibe un loup de 5 ou 6 kg, sauf Youssef, qui en a embroché deux d’un coup!

C’est la joie. Nous avons vu toutes sortes de poissons, daurades, loups mouchetés jamais mêlés aux bars francs, et même un petit mérou qui détala à mon approche ; que faisait-il dans ces eaux dessalées?

Il est assez oppressant de plonger dans ces tourbillons ou la diffraction est forte dès les premiers mètres dans des eaux qui se mélangent et embrouillent la vision. Mais à proximité de la source, la visibilité redevient parfaite dans une eau cristalline qui surgit du sol en geysers de sable et de coquillages brisés.

Une chevrette de 25 kg!

00000112q.jpgQuelques jours plus tard, rassasié de pêche, je remonte sur le bateau plus tôt que mes amis. Bien installé, je contemple à quelques distances une falaise majestueuse tombant à pic dans la mer ; couverte d’arganiers chétifs, de genévriers et de pistachiers.

J’admire les acrobaties d’un troupeau de chèvres, des chevrettes adorables prenant des risques incroyables pour accéder aux touffes d’herbes rabougries. Deux cabris insouciants, moins prudents que les autres, se bousculent et l’un d’eux fait une chute spectaculaire dans les éboulis en heurtant violemment une pierre saillante au passage. J’approche le bateau et le récupère; il a été tué sur le coup.

Un moment plus tard revient un premier chasseur épuisé, traînant sa bouée chargée de poissons. Il me demande si j’ai tiré des loups. "Oui, j’en ai fait quelques-uns et une chevrette!" "Combien de kilos?", me demande-t-il. Sans me démonter, sûr de mon effet, je lui annonce 20 ou 25 kg. "Impossible! Fais voir." Quelle surprise et quelle rigolade ensuite de découvrir, en se hissant au bateau, cet immense "poisson"… avec des cornes, des sabots et des poils!

Texte Bouchaib